Rendre accessible la danse aux personnes aveugles et malvoyantes

LE DÉFI DE L’AUDIODESCRIPTION

L’audiodescription est un ensemble de techniques qui permettent de rendre des films, des spectacles ou des expositions accessibles aux personnes aveugles ou malvoyantes, grâce à une voix hors champ qui décrit les éléments visuels de l’œuvre pour en faciliter la compréhension. Procédé de plus en plus répandu en cinéma et au théâtre, il investit ces dernières années le territoire de la danse. Georges-Nicolas Tremblay, interprète et codirecteur artistique de Corpuscule Danse, s’est immergé dans le processus, lors d’une formation intensive initiée par Danse–Cité dans le but de former des narrateurs et narratrices en danse.

« Ce souci d’accessibilité de la danse apparait dans mon parcours comme interprète qui m’a conduit au fil des ans à choisir des projets qui donnaient un sens à ma pratique en raison de leur portée sociale » dit-il. L’artiste, qui s’est intéressé à la dramaturgie en danse dans le cadre de sa maîtrise à l’UQÀM, poursuit ce désir d’entrer en relation avec des communautés souvent exclues des réseaux plus traditionnels : enfants, personnes âgées, queers ou en situation de handicap. Développer cette expertise s’inscrit donc naturellement dans son parcours, de même que celui de Corpuscule Danse, pour qui les pratiques d’inclusion et d’équité vont de pair avec la démarche artistique.

En danse, le processus d’audiodescription nécessite l’élaboration d’une méthodologie spécifique, qui tentera de répondre à ces questions : Quel vocabulaire choisir pour décrire les références visuelles, les mouvements et les actions complexes? Comment susciter l’émotion chez le spectateur aveugle ou malvoyant, en l’absence parfois de références possibles dans sa mémoire ou son imaginaire? Au-delà de la description d’éléments de décors et de costumes, de l’occupation de l’espace scénique, des mouvements et des déplacements, il s’agit surtout de transmettre les états du corps et les intentions de la danse au public. Cependant, de nombreux moments improvisés ou des altérations de durée permettent difficilement d’entrevoir une description d’un spectacle de danse autre qu’en direct. Le défi est de taille car on vise à traduire les enjeux esthétiques et dramaturgiques de cette forme d’art.

Le narrateur ou la narratrice s’appuie donc sur un texte préalablement construit mais flexible, fruit d’une longue observation, mais aussi d’un travail collaboratif essentiel. En effet, cette collaboration peut inclure les chorégraphes, les interprètes, parfois même l’équipe technique, des organismes et publics non-voyants ainsi que les autres audiodescripteurs-trices, car la tâche s’effectue généralement à relais. Lors du spectacle, l’équipe est installée en régie, munie d’un écran qui diffuse le spectacle en direct, ainsi que d’une table de mixage, d’un micro et d’un casque audio. Les spectateurs et spectatrices peuvent avoir accès à l’audiodescription via une application sur leur téléphone intelligent.

Georges-Nicolas Tremblay fait partie de l’équipe de narratrices et narrateurs de la danse pour ce premier spectacle disponible en audiodescription de la saison 21-22 de Danse–Cité, L’effritement des parades du chorégraphe Alan Lake, présenté en collaboration avec Danse Danse à la Cinquième Salle de la Place des arts le 23 octobre. Corpuscule Danse est fière de voir se développer de nouvelles voies inclusives ouvertes sur la pratique chorégraphique.

Accessibilité